Concert #3 Gloriosa

© Hugo Bertin, Maria Mosconi

En France, un vieux proverbe dit que derrière chaque grand homme se cache une femme. Nous souhaitons, à travers ce programme, présenter deux de ces femmes qui, grâce à leur mécénat et à leur profonde connaissance de la musique, ont permis la création de certaines des plus grandes œuvres du baroque français.
Marc-Antoine Charpentier était un compositeur encore peu connu lorsque Mlle de Guise décida de le prendre sous son mécénat en 1670. La cour musicale qu’elle organisait dans son palais était réputée rivaliser avec celle d’un roi. Charpentier composa la plupart de ses chefs-d’œuvre
sous la protection des Guise, notamment des oratorios, des pastorales et de nombreux motets. La plupart des musiciens qui jouaient dans cet environnement étaient les dames de compagnie de Mlle de Guise, parmi lesquelles Anne Jacquet (la sœur aînée d’Élisabeth Jacquet de la Guerre), qui aurait joué du clavecin ou du dessus de viole.
De même, c’est grâce au soutien de Charlotte d’Ailly, veuve du Duc de Chaulnes, que Henry Dumont put éditer son premier recueil. Tout juste arrivé à Paris pour tracer sa voie à la cour, son recueil connut une grande popularité et lui permis d’asseoir sa notoriété à Paris et à la cour, puisqu’il deviendra très rapidement organiste et maître de musique de la Reine.
Ce programme ne saurait être complet sans une œuvre de la brillante Élisabeth Jacquet de la Guerre, dont la musique riche et émouvante trouve naturellement sa place aux côtés des chefs-d’œuvre de Charpentier et Du Mont. Elle fut l’une des rares femmes à acquérir respect et renommée en tant que claveciniste et compositrice professionnelle. Remarquée et accueillie à la cour par le Roi-Soleil alors qu’elle était encore enfant, son talent fut reconnu et acclamé tout au long de sa vie.
Ce concert donne également voix à trois femmes puissantes et courageuses du patrimoine catholique. L’amour pieux et chaste de Sainte Cécile est célébré dans la musique de Charpentier et Du Mont. Forcée d’épouser un Romain, Valérien, elle parvint à le convertir à sa foi et à lui faire respecter son vœu de chasteté.
Alors qu’elle prenait un bain, Suzanne dut affronter l’odieuse tentative de corruption de trois vieillards, mais choisit la mort plutôt que de céder à leur désir infâme.
Enfin, l’amour extatique de Marie Madeleine est magnifiquement mis en musique par Charpentier, alors qu’elle se lamente douloureusement dans une grotte après la mort du Christ.
Tout en nuances et en couleurs, ce programme unit la voix de trois femmes qui, malgré la violence des épreuves, n’ont jamais renoncé à ce qu’elles chérissaient le plus et en quoi elles croyaient.

Programme

• MARC-ANTOINE CHARPENTIER (1643-1704)
Prologue
In Caecilia virgo et martyr H.415
• HENRY DUMONT (1610-1684)
Allemanda Gravis pro organum, Cantantibus Organis
Est Secretum Valeriane
Virgo Gloriosa
Pavana, Symphonia, Allemanda
In Cantica Sacra, 1652
• ELISABETH JACQUET DE LA GUERRE (1665-1729)
Suzanne et les vieillards (Cantates françaises sur des sujets tirez de l’Ecriture, 1708)
• MARC-ANTOINE CHARPENTIER
Symphonie de la nuit (In Nativitem Domino Canticum)
Magdalena Lugens

Distribution

Sarah Charles, Soprano
Alexandre Ducène, Martin Jantzen, Sacha Levy, Viole de gambe
Chloé De Guillebon, Direction, Orgue, Clavecin

Sarah Charles

Passionnée par le chant et le théâtre depuis toujours, Sarah Charles débute sa formation au Conservatoire du 18ᵉ arrondissement de Paris auprès de Sophie Hervé, tout en poursuivant des études de musicologie à l’Université Paris-Sorbonne. Elle rejoint ensuite la Maîtrise de Notre-Dame de Paris. Elle chante le Dixit Dominus de Haendel et la Passion selon Saint-Jean de Bach.
En 2024, elle interprète Les Leçons de Ténèbres de Couperin avec l’Orchestre de l’Opéra de Versailles. Elle participe également aux célébrations des 800 ans de la Cathédrale de Tolède en interprétant le Stabat Mater de Pergolèse. Elle clôture l’année 2024 avec le Te Deum de Charpentier au Teatro La Fenice de Venise sous la baguette d’Hervé Niquet. Pour la réouverture de la Cathédrale Notre Dame de Paris, elle incarne Filia dans Jephté de Carissimi.

Le Concert de la Reine

Le Concert de la Reine redonne vie à des chefs-d’œuvre oubliés, composés pour voix et dessus de violes. Très prisée à l’époque baroque, la viole offre une palette de couleurs et de dynamiques qui permet à la voix de déployer toute son intimité et sa beauté.
Le Concert de la Reine entend lui rendre sa splendeur d’antan en proposant des concerts à l’identité poétique affirmée. L’ensemble a été fondé en octobre 2020 par Chloé de Guillebon, avec des diplômés de la Schola Cantorum Basiliensis, à l’occasion de son récital de Master. C’est autant la passion pour ce répertoire que le désir de continuer à faire de la musique ensemble qui ont conduit à la création de l’ensemble. Depuis, ils se sont produits en concert en France et aux États-Unis. Le Concert de la Reine est en résidence à Saint-Pierre de Montmartre.

Chloé de Guillebon

Chloé de Guillebon débute le clavecin avec Noëlle Spieth et Frédéric Michel, puis elle continue ses études avec Marieke Spanns à Trossingen, Christine Schornsheim au conservatoire de Munich, Jörg-Andreas Bötticher à la Schola Cantorum de Bâle et Béatrice Martin au CRR de Paris.
Premier prix du concours international de Pesaro à seulement vingt ans, et premier prix du concours international Lauxmin à Vilnius en 2020, Chloé de Guillebon est invitée comme soliste dans toute l’Europe.
Très appréciée en tant que continuiste, Chloé joue régulièrement avec de nombreux ensembles, tel que l’Orchestre de l’Opéra royal de Versailles qu’elle dirige occasionnellement. Avec l’ensemble Mozaïque, dont elle est membre fondatrice, elle gagne en 2020 le Prix pour la Hofkapelle de Rheinsberg ainsi que le premier du concours Haendel de Göttingen en 2021.
Elle fonde en 2020 Le Concert de la Reine, un ensemble de musique baroque spécialisé dans la musique vocale avec violes de gambe.
A partir de septembre 2025, elle dirigera l’ensemble Les Ambassadeurs – La Grande Écurie.

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