Nuit & Jour, Obsession amoureuse au temps de l’Ars Nova

© Marcel Plavec

“Regula XXX. Verus amans assidua, sine intermissione, coamantis imaginatione detinetur.”
“Règle 30: Le véritable amant est absorbé constamment et sans relâche par l’image de l’aimé(e)”. Andreas Capellanus, l’auteur du traité De amore, l’un des premiers à mettre noir sur blanc les usages amoureux au Moyen-Âge mais aussi l’un des plus cynique et réaliste, définit dès le XIIème siècle avec cette maxime péremptoire l’une des essence de l’amour au Moyen-Âge: une adoration constante, qu’on peut appeler obsessive.

L’abondante lyrique amoureuse du Moyen-Âge présente plusieurs aspects: parfois il semble que les codes sociaux, leur symbolique ainsi qu’une rhétorique frôlant l’ostentatoire dépassent les réels sentiments; d’autres fois, sous couvert d’amour courtois, on aborde des thèmes plus épineux et les sentiments décrits ne sont que façade, ou encore, l’habilité du poète ou du compositeur prend le pas sur le sujet de son oeuvre, et l’on s’éloigne du thème de l’amour.

Cependant, une réelle adoration amoureuse anime bien des chef d’œuvres de la fin du Moyen Âge, et c’est à la recherche de cette sincérité, de la marque d’un sentiment profond et pur que nous avons construit ce programme. Nul doute que ce choix, partial, est guidé par notre propre bagage, et les passions d’autrefois nous intéressent lorsqu’elles trouvent un écho dans celles d’aujourd’hui.

 

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Programme

Durée du programme : 1h

Guido (fl 1372-4)
Dieux gart qui bien le chantera

Bartolino da Padova (c. 1365–1405)
Quel sole che nutric’l core

Donato da Firenze (seconde moitié du 14ème s.)
Sovran uccel’

Guillaume de Machaut (c. 1300-1377)
Se quanques amours ne puit donner

Anonyme du « Modena Codex »
Je la remiray

Francesco Landini, (c.1335-1397)
Quel sol che raggia

***

Francesco Landini
Fortuna ria,
Tante belleçe
Vaga fanciulla,
Poi che veder

Niccolò da Perugia (14ème s.)
Il meglie è pur tacere

***

Anonyme du Codex Rossi (14ème s.)
Avendo me falcon

Zaninus da Peraga (seconde moitié du 14ème s.)
Se le lagrime antique

Nicolas Grenon (c. 1375 – 1456)
Je ne requiers de ma dame

Borlet (autour de 1397)
Ma trez dol rossignol
He trez doulz roussignol joly

 

Distribution

Carine Tinney, Soprano
Jonatan Alvarado, Ténor
Franziska Fleischanderl, Psalterion
Mara Winter, Traverso
Natalie Carducci, Vièle à archet
Roger Helou, Organetto
Anna Danilevskaia, Vièle à archet et direction

L'Ensemble Solazzo

L’ensemble Sollazzo a été fondé à Bâle en 2014 et rassemble des musiciens ayant une passion pour les répertoires de la fin du moyen-âge et de la renaissance, interprétant des répertoires composés entre 1300 et 1550 environ. L’ensemble est dirigé par la vièliste Anna Danilevskaia et s’enrichit des différents milieux musicaux dans lesquels ses membres ont évolué : alors que certains sont issus de familles de musiciens spécialisés en musique ancienne, d’autres ont trouvé leur vocation à travers la musique classique, folklorique, le théâtre ou même le music-hall.

« Parle qui veut », paru en 2017, marque le début discographique de l’ensemble, et est récompensé par la critique spécialisée ; le magazine Diapason lui décerne un Diapason d’Or de l’Année. « En seumeillant », paru en 2018, est l’aboutissement de la participation de l’ensemble à eeemerging, un programme européen de soutien aux jeunes ensembles de musique ancienne. Il marque aussi le début d’une collaboration de trois ans avec le CCR d’Ambronay en tant qu’ensemble associé, qui permet à Sollazzo de travailler régulièrement en ses murs ainsi que de créer et d’enregistrer le programme « Firenze 1350 ».

En 2017, Sollazzo est invité par la Fondation Alamire à New York, afin de présenter un programme
autour du Chansonnier de Louvain, alors tout juste redécouvert, ainsi que d’assurer la première de ses « unicae », douze pièces inconnues jusqu’alors. Ce projet aboutit à l’enregistrement intégral du manuscript, a paraître en quatre volumes, en collaboration avec le label Passacaille, le label Ambronay, et la Fondation Alamire.

Anna Danilevskaia, Vièle à archet & direction

Anna Danilevskaia, vièliste originaire de Metz, fonde l’ensemble Sollazzo en 2014. Issue d’une famille de musiciens, elle grandit entourée par la musique médiévale et celle-ci devient très tôt partie intégrante de son monde artistique et son langage de prédilection.
Elle étudie d’abord à Barcelone, dans la classe du médiéviste Pedro Memelsdorff puis continue sa formation dans le département de musique médiévale de la Schola Cantorum à Bâle. Elle complète ensuite ses études avec un master en viole de gambe renaissance avec Paolo Pandolfo.

Elle joue avec différents ensemble spécialisés à travers l’Europe puis se dédie à Sollazzo ainsi qu’à la recherche artistique, portant une attention particulière à la musique italienne du quatorzième ainsi qu’au Chansonnier de Louvain (un recueil de chanson du quinzième siècle originaire du Val de Loire). En 2022, elle a été élue membre du bureau du REMA, Réseau Européen pour la Musique Ancienne.

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