Concert #4 > Muse, honor di Parnaso

© DR

Qui sont véritablement les neuf Muses résidant au Mont Parnasse? Jean Tubéry et la Fenice nous dressent un portrait musical de ces divinités : Euterpe (musique), Terpsichore (danse), Thalie (comédie), Melpomène (tragédie), Calliope (l’éloquence, poésie épique), Polymnie (rhétorique), Erato (poésie lyrique), Clio (histoire) et enfin Uranie (astronomie). La Fenice rendra hommage à chacune des neuf Muses, inspiratrices des compositeurs de la génération du premier baroque au travers des plus belles pages que ces compositeurs, connus et méconnus de nos jours, nous livrèrent par leur art.

Distribution

Kristen Witmer : soprano
Olivier Coiffet : ténor

Ensemble la Fenice
Jean Tubéry, Sarah Dubus : cornets à bouquin et flûtes
Stéphanie Pfister, Sue-Ying Koang : violons et alto baroques
Keiko Gomi : violoncelle baroque
Diego Salamanca : théorbe et guitare baroque
Mathieu Valfré : clavecin et orgue positif

Programme

Intrada
Claudio Monteverdi (1567 – 1643)
L’Orfeo
Sinfonia à cinque
Muse, Honor di Parnaso!

Clio… la célèbre ! [Muse de l’épopée et de l’Histoire]
Emilio da Cavalieri (1550 – 1602)
Il ballo del gran duca
O che nuovo miracolo [Clio tessa l’istorie di cosi eterne glorie !]

Euterpe… la réjouissante ! [Musique à danser et poésie amoureuse / sur l’Aulos]
Francesca Caccini (1587 – 1641)
Ruggiero à l’isola d’Alcina
Ruggiero: O felice pastore!
Sirena: Chi nel fior di giovinezza (Con ritornelli di flauti)

Thalia… la florissante ! (Comédie et idylle pastorale)
Claudio Monteverdi
Il ballo di Tirsi & Clori, in dialogo
Tirsi: Per monti e per valli
Clori : Dolcissimo Tirsi

Melpomene… la chanteuse ! (Tragédie et poésie grave)
Stefano Landi (1587 – 1639)

La morte d’Orfeo
Calliope : Il desir di veder l’amato figlio (recitativo)
Fileno : narrero s’il dolore… (Aria)

Terpsichore… la danseuse ! (Danse & poésie légère)
Antonio Brunelli (1577 – 1630)
Balletto à cinque
Di quel nudo pargoletto
Michael Praetorius (1571 – 1621)
Terpsichore musarum
Ballet des Bacchanales & Corrente

*** ENTRACTE ***

Erato… l’aimable ! (Poésie lyrique et amoureuse)
Claudio Monteverdi
Tempro la cetra : madrigale in dialogo con sinfonie
Se i languidi miei sguardi

Polymnia … la féconde ! (Rhétorique et chant nuptial)
Cristofano Malvezzi (1547 – 1597)
Sinfonia à sei
Coppia gentil d’aventurosi amanti

Urania … la céleste ! (Astrologie et astronomie)
Antonio Archilei (1543 – 1612)
Intermezzo della pellegrina
Dalle piu alte sfere, accompagnato con le viole

Calliope… l’éloquente ! (Éloquence et poésie épique) ~ Claudio Monteverdi
Il ritorno di Ulisse in patria – Penelope : Illustratevi o cieli !
Martino Pesenti (1600 – 1648):
Corrente detta La felice
O felice eloquentia, O lieto giorno!

 

Note d'intention

Dans la mythologie grecque, les neuf Muses sont les filles de Zeus et Mnémosyne, nées d’une union de « neuf nuits d’amour »… Elles servent d’intermédiaires entre les artistes et les dieux, chacune d’entre elles représentant une forme d’expression artistique propre. À travers les siècles, et en particulier à la fin d’une Renaissance férue d’humanisme néo-platonicien, les poètes et compositeurs puisèrent dans ce répertoire littéraire millénaire, glorifiant une expression artistique dont ils se voulaient être les dignes descendants. Ainsi naquirent, à la fin du 16e siècle, les cénacles florentins qui allaient donner naissance à la monodie accompagnée (symbole de la muse s’accompagnant de sa cithare) tournant ainsi le dos à l’expression par essence moins personnelle de la polyphonie du siècle passé.
L’ensemble La Fenice a voulu rendre hommage à chacune des neufs muses, inspiratrices des compositeurs de la génération du premier baroque italien (primo seicento). De fait, les compositeurs de ce tournant de siècle, connus et méconnus de nos jours, nous livrèrent à travers ce prisme les plus belles pages de leur art : nul doute qu’ils furent jadis transcendés par la mémoire omniprésente de ces neufs figures féminines de la mythologie, emblématiques d’un âge d’or à la beauté inaltérable. Ils y trouvèrent le modèle d’une expression artistique non moins intemporelle, qui nous subjugue encore et toujours de nos jours.

Ensemble La Fenice

Le phénix – en italien la fenice – est à l’origine, l’oiseau fabuleux de la mythologie qui, après avoir vécu plusieurs siècles, se consume et renaît de ses cendres. Symbole du rayonnement de la musique italienne dans l’Europe baroque, la Fenice fut également le nom d’une œuvre de Giovanni Martino Cesare, cornettiste et compositeur qui s’expatria au-delà des Alpes au début du 17e siècle. La Fenice est le nom emprunté par un groupe de musiciens réunis depuis 1990 par le cornettiste Jean Tubéry, animés du désir de faire partager leur passion pour la fastueuse musique vénitienne du 17e siècle, tout en la révélant dans son extraordinaire vitalité. Le répertoire de l’ensemble s’étend néanmoins sur toute l’Europe, et couvre plus de deux siècles de musique.

Le cornet à bouquin, l’instrument phare de l’ensemble, fut en effet couramment adopté dès le début du 16e siècle par Josquin Desprez et ses contemporains, et ce jusqu’à Johann Sebastian Bach, qui l’utilisa dans plusieurs de ses cantates. « Quant à la propriété du son qu’il rend, il est semblable à l’éclat d’un rayon de soleil qui paraît dans l’ombre ou dans les ténèbres, lorsqu’on l’entend parmi les voix dans les églises, cathédrales ou les chapelles…» nous dit le père Mersenne dans son Harmonie Universelle (Paris, 1636).

L’ensemble a remporté dès ses débuts deux premiers prix internationaux (Bruges, 1990, Malmö, 1992). Depuis, il est invité dans les plus grands festivals en France, en Europe – Bâle, Bremen, Bruges, Glasgow, Innsbruck, Lisbonne, Milan, Oslo, Palerme, Utrecht, Vienne –, et au-delà – États-Unis, Amérique du sud, Japon, Chine.
Les membres de l’Ensemble La Fenice sont tous des solistes virtuoses de leur instrument, spécialisés dans la musique du 17e siècle et faisant une carrière internationale au sein des meilleurs ensembles actuels. Les enregistrements de l’ensemble – Ars Produktion, Ricercar, Cypres, K617, Opus 111, Naïve, Virgin Classics, Alpha – se voient régulièrement primés des plus hautes distinctions (Choc du Monde de la Musique, Diapason d’Or, 10/10 de Répertoire, 5 étoiles Goldberg, etc). Par sa présence constante sur le devant de la scène nationale et internationale, l’Ensemble La Fenice s’est imposé en tant que spécialiste incontournable du 17e siècle et du Seicento italien en particulier, dont les musiciens cosmopolites sont fiers de porter les couleurs dans l’Europe entière.

L’Ensemble La Fenice est en résidence à Auxerre. Il bénéficie du soutien du Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Bourgogne-Franche-Comté), de la ville d’Auxerre, du Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté, du Conseil Départemental de l’Yonne et de son mécène Didier Lincet.

En savoir plus : site webfacebook

Jean Tubéry, cornets et direction

Passionné par la musique italienne du 17e siècle, Jean Tubéry, après des études de flûte à bec aux conservatoires de Toulouse et d’Amsterdam, décide de se consacrer au cornet à bouquin. Il suit alors l’enseignement de Jean-Pierre Canihac puis de Bruce Dickey à la Schola Cantorum de Bâle, dont il obtient le diplôme de concertiste.
En 1990, Jean Tubéry fonde l’ensemble La Fenice, avec lequel il remporte le Premier Prix des Concours Internationaux de Musique Ancienne de Bruges puis de Malmö (1992). Il enseigne dès 1990 le cornet à bouquin au Conservatoire de Paris, puis l’ornementation improvisée au Conservatoire Royal de Bruxelles (2003) et au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon (2011). Il est invité régulièrement à donner des master-classes dans le monde entier : Luxembourg, New York, Cleveland, Bâle, Oxford, Trossingen, Helsinki.
Son intérêt pour le répertoire vocal l’amène également à la direction de chœur, qu’il a étudiée auprès de Hans Martin Linde et de Pierre Cao. Il a ainsi été sollicité par des ensembles tels que Jacques Moderne (Tours), Arsys Bourgogne, Dunedin Consort (Edimbourg), Norway Solistenkor (Oslo), Nederlands Kammerkoor (Amsterdam), Vox Luminis, et le Chœur de Chambre de Namur dont il a été le chef titulaire de 2002 à 2008.
En 2001, il est nommé Chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres. En 2003, il reçoit avec l’ensemble La Fenice le grand Prix de l’Académie Charles Cros pour les enregistrements Messe pour la Toison d’Or de Matteo Romero, et Symphoniae sacrae de Giovanni Gabrieli. En 2006, il obtient le Prix Liliane Bettencourt en tant que chef du Chœur de Chambre de Namur. En 2010, sa version du Te Deum de M.A. Charpentier est élue Version de référence par le magazine Classica. En 2013, Jean Tubéry a été élevé au grade de Chevalier dans l’ordre des Palmes Académiques pour son travail artistique et pédagogique en résidence dans l’Yonne (Auxerre).

Kristen Witmer, soprano

Kristen Witmer, soprano, née à Tokyo, a commencé à chanter à l’âge de huit ans. Elle étudie les chants classiques et baroques à l’Université des Arts de Tokyo où elle fut récompensée par les Prix Yomiuri New Artist, Akanthas et Douseikai. Puis, Kristen reçoit une bourse de The Meiji Yasuda Cultural Foundation et étudie au Conservatoire Royal de La Haye où elle obtient un Bac en Musique ancienne (chant) et un Master, se spécialisant dans la musique vocale d’Henry Purcell.Elle fut dirigée par Peter Kooij, Lenie van den Heuvel, Jill Feldman et Michael Chance.
Kristen se produit régulièrement en concert avec des chefs et des ensembles de musique ancienne réputés. Elle a chanté en soliste avec des chefs tels que Jos van Veldhoven, Philippe Herreweghe, Joshua Rifkin et Frans Brüggen.
Parmi les dernières représentations en tant que soliste : le Messie de Haendel avec Masaaki Suzuki, Les sept paroles de Jésus en croix de Haydn avec Janine Jansen, King Arthur de Purcell’s avec Jean Tubéry, Dixit Dominus de Haendel avec la Netherlands Bach Society et l’Oratorio de Noël de J.S. Bach et Easter Oratorio et Ascension Oratorio avec Le Concert Lorrain. Kirsten est également membre de Vox Luminis (Lionel Meunier) et de Sette Voci (Peter Kooij).

Olivier Coiffet, ténor

Formé à la maîtrise de Fourvière à Lyon et au Jeune chœur de Paris – Conservatoire supérieur de Paris, Olivier Coiffet aborde de nombreux répertoires, de la polyphonie Renaissance à la création contemporaine. Diplômé de Sciences-Po Paris en 2004, il se tourne vers la musique et se produit en soliste avec de nombreux ensembles : Accentus (Laurence Équilbey), Pygmalion (Raphaël Pichon), Huelgas (Paul van Nevel), le Collegium vocale (Philippe Herreweghe), le Poème harmonique (Vincent Dumestre), Vox luminis (Lionel Meunier), Doulce Mémoire (Denis Raisin-Dadre), Jacques Moderne (Joël Suhubiette), Musicatreize (Roland Hayrabedian)…

Sa sensibilité à la culture germanique lui permet d’interpréter avec succès les rôles d’évangéliste des Passions et de l’Oratorio de Noël ainsi que de nombreuses oeuvres de Bach et de ses prédécesseurs (Schein, Schütz, Buxtehude, Zelenka, Keiser…). Il consacre également une grande partie de son temps au lied, privilégiant Mozart, Schumann et Brahms. En outre, son goût pour la vocalité italienne de la Renaissance et du baroque l’amène à chanter régulièrement les oeuvres de Monteverdi, Gesualdo, Grandi, Caccini… À la scène, il se produit dans des oeuvres contemporaines comme l’Enterrement de Mozart de Bruno Mantovani, dans lequel il tient le premier rôle (Festival de Besançon, Grand théâtre d’Aix-en-Provence, France Musique), ou Un retour d’Oscar Strasnoy (livre-disque Actes sud). Il est également très sollicité dans le répertoire baroque : on a pu l’entendre notamment dans le rôle-titre de Caligula delirante de Giovanni Pagliardi, avec le Poème harmonique et Vincent Dumestre, dans de nombreux festivals et sur France Musique, ainsi que dans l’Orfeo de Luigi Rossi avec Pygmalion et Raphaël Pichon.

À l’occasion de l’année Monteverdi 2017, il a chanté en soliste les Vêpres de la Vierge à de nombreuses reprises, en Allemagne et en Angleterre avec Vox Luminis et le Freigburger Barockorchester, ainsi que dans une version scenique avec Pygmalion et Raphaël Pichon à Amsterdam et au Royal Albert Hall de Londres. En décembre 2017, il tenait le rôle de Leon Trotsky dans L’homme qui aimait les chiens, un opéra de Fernando Fiszbein, au Teatro Colón de Buenos Aires.

Dans les prochains mois, on pourra l’entendre en évangéliste de la Passion selon Saint Jean de Bach à Lyon et dans un récital à deux voix avec La Fenice et Jean Tubéry. En Suisse, il chantera des cantates de Bach et l’évangéliste de la Passion selon Saint-Matthieu, sous la direction de Michael Radulescu ; avec François Bazola et Consonance, Didon et Énée de Purcell ; avec Pygmalion et Raphaël Pichon, une nouvelle tournée des Vêpres de la Vierge de Monteverdi, ainsi que l’Ercole amante de Cavalli.

Partager