Concert #3 > Arcadia

© Jean Baptiste Millot

La quête de l’Antique des 15e et 16e siècles ne s’est pas seulement traduite dans la musique mais également dans la littérature. Ainsi le Napolitain Jacopo Sannazaro va-t-il écrire son poème Arcadia (1502-1504) où se côtoient des bergers musiciens à l’instar des Idylles de Théocrite ou des Bucoliques de Virgile. Arcadia est un itinéraire spirituel placé sous le signe de Mnémosyne, la mère des Muses. François Lazarevitch, directeur de l’ensemble Les Musiciens de Saint-Julien, artiste associé au Festival de Lanvellec et du Trégor pour trois ans, a puisé dans le répertoire napolitain contemporain de l’œuvre afin d’illustrer musicalement ce texte fondateur de la littérature pastorale.

Vidéo

Distribution

Enea Sorini : baryton, tympanon et percussions
François Lazarevitch : flûtes et cornemuses
Nicolas Sansarlat : lyra da braccio et hautbois
Marie-Domitille Murez : harpe
Spyros Halaris : kanun
Michaël Grébil : luth et cistre à archet

Programme

Programme en cours de création.

Note d'intention

Le projet « Arcadia » est d’une richesse exceptionnelle. L’œuvre de Sanazzaro démontre que le mouvement pastoral en art, loin des clichés qui lui sont généralement accolés, est d’une profondeur et d’une contemporanéité saisissante. C’est un monde symbolique, intérieur, celui du rêve, de la mémoire qui se révèle à nous, où l’auteur traite aussi de l’opposition entre art et nature, de l’être et du paraître, de la vérité et de l’illusion… Aller aux origines de ce mouvement pastoral qui a tant imprégné l’art français des 17e et 18e siècles que je connais bien est un cheminement particulièrement exaltant. Qui plus est, c’est l’opportunité d’interpréter des répertoires d’époques et de styles nouveaux pour Les Musiciens de Saint-Julien, avec de merveilleuses musiques italiennes et grecques, aux frontières entre savant et populaire, orient et occident. Une nouvelle aventure musicale et humaine s’annonce.
« Arcadia » reprend le titre du poème magistral du napolitain Jacopo Sannazaro (1458-1530), publié en Italie en 1504. Plus qu’un roman pastoral, ce livre, l’un des plus lus au 16e siècle, est un véritable chemin spirituel à la modernité saisissante, placé sous le signe de Mnémosyne, la mère des Muses. Ponctué par les haltes des bergers, chantant et jouant de leur musette, le récit se fait au fil de la remémoration du narrateur, et se déroule entre Naples et l’Arcadie.
François Lazarevitch, le baryton Enea Sorini et Les Musiciens de Saint-Julien s’emparent librement de la matière de cette œuvre littéraire : la mise en musique d’extraits du texte de Sannazaro selon la technique ancienne de l’ottava rima (déclamation en musique accompagnée par la lyra da braccio) permet de structurer une narration entre une Naples réelle et une Arcadie mythique. Le cheminement s’effectue à travers différents répertoires : musique vocale napolitaine autour de 1500 (notamment de Frottole), musique aragonaise (manuscrit de Montecassino), arrangements instrumentaux (cornemuse, flûte, percussions, harpe, viola da braccio…), ainsi que musique populaire ancienne (villanelle) et actuelle de Naples. Empreints d’une profonde spiritualité, de merveilleux chants grecs byzantins notés au 16e siècle au monastère d’Iveron, retrouvé dans les bibliothèques du Mont Athos, illustreront l’Arcadie mythique.
Les Musiciens de Saint-Julien créent un objet artistique nouveau, coloré, poétique et onirique à partir de ce chef-d’œuvre majeur de l’art italien et européen, qui a marqué en profondeur son temps et les générations suivantes.

Les Musiciens de Saint-Julien

Inspirés par l’intime conviction de leur fondateur, flûtiste et tête chercheuse François Lazarevitch, Les Musiciens de Saint-Julien évoluent depuis 2006 en électrons libres sur les chemins du baroque en recoupant sources orales et écrites. Leurs affinités partagées avec musiciens et répertoires traditionnels fécondent leurs premiers projets, avec lesquels entre bientôt en résonance tout un archipel musical savant ancien et baroque – même sens inventif des couleurs, même énergie jaillie du mouvement dansé, même sensibilité poétique. Les Musiciens de Saint-Julien raniment des fonds musicaux endormis, mais pas uniquement, dans une approche à la fois érudite et intuitive, enracinée dans les pratiques populaires et passée au filtre d’une appropriation exigeante, virtuose et passionnée.
Tout en cette alchimie est unique et identifie l’ensemble plus encore que la référence à la confrérie des violonistes danseurs qui lui donne son nom : le relief et l’élégance des lignes, la flexibilité des phrasés chaloupés, la richesse d’un instrumentarium ancien rare d’où émergent flûtes et musettes, le feu intérieur électrisant jusqu’aux œuvres les plus connues de Bach, Vivaldi ou Purcell, le naturel de l’expression, qui rend si familière et pourtant si neuve chaque interprétation.
Au fil de concerts, de tournées en France, en Europe et en Amérique (prochainement à Bozar de Bruxelles, au Festival Baroque de Pontoise, au Quartz, au Volcan, à l’Opéra de Rouen…) et de douze CD labellisés Alpha Classics, Les Musiciens de Saint-Julien ont affermi une présence forte sur la scène française et internationale, qui fait l’unanimité auprès du public comme de la presse spécialisée.
Dernière sortie CD le 25 août 2017 chez Alpha Classics : Vivaldi, Le Quattro Stagioni, La Tempesta di mare, Il Gardellino, La Notte.

Les Musiciens de Saint-Julien sont conventionnés par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC de Normandie, et la Région Normandie. La Caisse des Dépôts est le mécène principal des Musiciens de Saint-Julien.

En savoir plus : facebook – site web

François Lazarevitch, direction, flûtes et cornemuses

Si son instrument premier est la flûte, François Lazarevitch a d’emblée accordé ses apprentissages, ses recherches et ses pratiques musicales à la diversité des sources, orales et écrites, qu’il considère nécessaires à la recréation aujourd’hui des répertoires ancien et baroque. Fort de son compagnonnage depuis 2006 avec ses Musiciens de Saint-Julien, à qui il communique sa soif d’aller toujours plus loin dans la compréhension, son goût pour la découverte de répertoires oubliés et sa curiosité expérimentale de toutes les cultures, il pose un regard neuf et singulier sur tout un pan de notre histoire musicale. Son moteur ? La cadence, cette impulsion née de la danse qui fait appel au ressenti plus qu’à la notation et doit imprégner avec souplesse et en conscience toute musique. C’est ainsi que son enregistrement des sonates pour flûte de Bach (Alpha Classics, 2014, Choc Classica) surprend et séduit par l’éloquence, l’invention et le raffinement de son art du phrasé et de l’ornementation.
Il faut dire que si François Lazarevitch aborde les musiques anciennes et la flûte avec les défricheurs que sont Antoine Geoffroy-Dechaume, Barthold Kuijken et Pierre Séchet, il approche également la musique indienne, se passionne pour la flûte irlandaise et pratique la musique de tradition orale avec ceux qui la perpétuent encore localement. Ces fructueuses rencontres et explorations lui ouvrent une voie propre, non balisée et exigeante, sur laquelle il chemine en multipliant les cordes à son arc : il se partage aujourd’hui avec une égale virtuosité entre la flûte et la musette, dont le timbre pastoral est devenu emblématique des Musiciens de Saint-Julien ; directeur artistique de l’ensemble, il le conduit sur la scène musicale française et internationale, et enregistre avec lui pour Alpha Classics des programme innovants régulièrement applaudis. Il enrichit aussi son expérience de collaborations avec Les Arts Florissants, Le Concert d’Astrée, Les Talens Lyriques, danseuses et chorégraphes, metteurs en scène et compositeurs d’aujourd’hui. Collectionneur d’instruments et chercheur passionné, il édite les partitions de répertoires exhumés. Enfin il enseigne la flûte et la musette baroques au conservatoire de Versailles, où il a à cœur de transmettre ce qui l’anime : « l’ancrage corporel au service du souffle, de la vibration et de la compréhension musicale ».

Enea Sorini, baryton, tympanon, percussions

Enea Sorini est chanteur (baryton) et percussionniste. Son répertoire s’étend de la musique médiévale à l’opéra baroque.
Parallèlement à des études de percussion, Enea Sorini débute le chant vers 15 ans dans la chorale Pueri Cantores à Pesaro, s’ouvrant ainsi aux répertoires du Moyen-Âge et de la Renaissance, qui lui permettent de développer un sens fort de l’harmonie et de la polyphonie vocale.
Il se produit en Italie, en France et à l’étranger comme chanteur et percussionniste au sein des ensembles de musique ancienne Micrologus et Les Musiciens de Saint-Julien. Enea Sorini chante également dans l’ensemble Bella Gerit (groupe de recherche et d’interprétation des répertoires de la Renaissance à Urbino).

On peut l’entendre régulièrement dans des productions d’opéras baroques telles que Euridice de J. Peri, Disgrazie d’amore de A. Cesti, Serenata a tre RV 690 de A. Vivaldi, Il Vespro della Beata Vergine de C. Monteverdi, L’Adorazione de Maggi de C. Caresana, La Farsa del Barba (projet télévisuel pour le RTSI Switzerland). Il collabore régulièrement avec le chœur La Verdi Barocca (dir. R. Jais, Milan).

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